Baie 217
Créée vers 1305-1315; restaurée au XX° siècle
Scènes
de la Passion du Christ
Composé de deux lancettes à 5
registres, c'est, selon Mme M P Lillich, l'ouvrage le plus élaboré dans l’église
par ses coloris et sa bordure décorée des châteaux de Castille.
Si l'artiste s'est fortement inspiré
d'un manuscrit enluminé du XII° siècle, il n'a pas été insensible aux travaux
de son époque.
Dans la cathédrale de Chartres, une des
verrières ouest du XII° siècle a également pour thème « la Passion ».
Lancette
gauche – registre 1
Assis
sur un âne, le Christ, suivi de Pierre et de quelques apôtres auréolés, tient
une palme dans sa main gauche et bénit de sa main droite.
A droite, deux personnages accueillent
Jésus aux portes de Jérusalem.
Contrairement
aux apôtres, ils tiennent des palmes et un troisième personnage étend un
manteau rouge sous les pieds de l'âne.
Cet épisode ne figure pas sur le vitrail de
la Passion de la Cathédrale de Chartres.
LA CENE
Lancette
gauche – registre 2
C'est
une description classique : Les apôtres entourent Jésus ; Jean se
penche vers Jésus ;
Judas,
se servant d'un poisson, est assis, seul, de l'autre côté de la table.
Jésus
fait un signe de la main droite vers Pierre et tend un objet à Judas.
Est-ce
une bourse ?
Sur le vitrail de la cathédrale de
Chartres, Jésus est entouré de quatre apôtres et dénonce Judas. Celui-ci,
seul à droite, met la main sur le poisson (symbole christique).
Créée vers 1305-1315; restaurée au XX° siècle
Lancette gauche :
Saint Thomas et Saint Philippe
Lancette droit :
Saint Matthieu et Saint Jacques
Baie 221
Créée vers 1280 ; après 1305 et vers 1390; restaurée au XX° siècle
Scènes
de la vie de Saint Pierre et de Saint Paul
Vitrail réalisé vers
1280, après 1305 et vers 1380 /1390. Quelques restaurations (bouche-trous) au XXème
siècle.
Certains éléments ont
été dispersés vers 1700 et réassemblés lors de la restauration du XXème
siècle (1907-1951 et 1954 par les Ateliers Lorin – Chartres).
La dernière
restauration date de 1990 (Ateliers Lorin-Hermet-Juteau / Chartres).
Peut-être
le plus ancien vitrail narratif de la nef, il présente un intérêt primordial et
il est d’une importance décisive pour la datation et le rapport entre la nef et
l’hémicycle. Mais il est également une énigme stylistique : par son dessin
maladroit à sept rangs, ilt apparaît comme le plus embrouillé de l’ensemble des
panneaux narratifs. Il est probable qu’il fut augmenté, réassemblé, agrandi par
son donateur : Jehan de Mantes (ou Jean 1er de Mantes) :
abbé de 1306 à 1310.
On peut émettre
l’hypothèse que cette baie fut donnée par Jehan de Mantes le jour de son
élection à la tête de l’abbaye (fin mars 1306).
La baie (huit mètres /
trois mètres quatre-vingt) est composée de deux lancettes à sept registres
avec un tympan à quatre ajours. et relate des scènes de la vie de
Saint Pierre et de Saint Paul : c’est un vitrail dit « narratif » ou « historié »
qui se lit de bas en haut. Dans un vitrail primitif, les couleurs qui
dominent sont le rouge et le bleu, accentué par un or saturé.
La lancette gauche
relate des épisodes de la vie de Pierre en Palestine (Jérusalem, Antioche …).
La lancette droite est
réservée aux épisodes de l’apostolat de Pierre à Rome.
UN
GRAND DONATEUR : JEHAN DE MANTES
Jehan de Mantes, abbé
de Saint Père de 1306 à 1310, période de grande activité dans le travail du
vitrail.
Connu comme
bienfaiteur de l'abbaye, il fit don, pour le beffroi, en 1308, d'un bourdon
baptisé Saint-Pierre.
Vraisemblablement instigateur
des séries de baies narratives dans la nef, il meurt en 1310.
Un miracle de Pierre (lancette gauche ; 3ème registre)
Devant la « Belle Porte » du Temple de
Salomon à Jérusalem, Pierre, accompagné de l’apôtre Jean, s’adresse à un
invalide en prières, allongé et mains jointes, qui lui demande l’aumône.
Pierre
lui ordonne : «je n’ai ni argent ni
or ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ de Nazareth,
marche. » (Act. Ap. 3,1-22-4,1-22)
Dans
le panneau de gauche, l’infirme, guéri, repart, vers le temple, avec sa civière
sur l’épaule.

« Les
narrateurs »
Dans
une étude réalisée en 1969, Meredith Parsons Lillich se base sur le vitrail
restauré par les ateliers Lorin en 1907 et pense que les deux personnages sont
des prophètes ; ils sont placés, l’un (celui au manteau vert) dans le
panneau gauche du premier registre de la lancette gauche ; l’autre, celui
au manteau bleu, dans le panneau droit du premier registre de la lancette
droite.
La
restauration de 1990 par les ateliers Lorin-Hermet-Juteau sous la conduite de
Benjamin Mouton architecte en chef des monuments historiques, permit une autre
étude du vitrail et une autre lecture des panneaux.
Jean-Marie
Braguy émet l’hypothèse que les deux personnages sont des
« narrateurs ».
Le
« narrateur » au manteau bleu se trouve dans le panneau de droite du
deuxième registre de la lancette gauche et annonce l’histoire de Pierre et
Paul.
Le narrateur au manteau
vert se trouve dans le panneau gauche du sixième registre de la lancette droite
et clôt leur histoire.

Simon le magicien
Selon
les Actes des Apôtres, Simon était un magicien, admiré par l’empereur Néron,
qui aurait séduit les foules en volant dans le ciel (Acte de Pierre).
Simon
le Magicien voulait acheter à Pierre son pouvoir de faire des miracles.
L’apôtre le condamna (Actes des Apôtres VIII.9-21) « que ton argent périsse avec toi parce que tu as pensé acquérir le don
de Dieu avec de l’argent ».
De
là, provient le mot simonie : volonté d’acheter ou de vendre à prix temporel une
chose spirituelle.
Néron (panneau du centre) ordonne à Pierre
(panneau de gauche) de se mesurer à Simon le Magicien (panneau de droite)
Baie 223
Créée vers 1305-1315; restaurée au XX° siècle
Lancette gauche:
Saint André et Saint Jean l’Evangéliste
Lancette droit :
Saint Barthélémy et Saint Jacques le Majeur
Baie 225
Créée vers 1305-1315
Scènes
de la vie de Saint Jean-Baptiste
Pour M.P Lillich, ce vitrail est
« un véritable chef-d’œuvre de narration dramatique ».
Dans cette baie, l’artiste a restreint
la quantité de personnages dont le mouvement et le geste
« accentués » révèlent un certain expressionisme. Par exemple, le
corps « arqué » de Salomé pendant sa danse devant Hérode et Hérodiade
(lancette gauche deuxième registre).
Lancette droite :
-Premier registre : à gauche, un ange annonce à Zacharie la future
naissance de son fils Jean.
-Deuxième registre : naissance de saint Jean-Baptiste ; à
gauche, sa mère Élisabeth est allongée. Au centre, la vierge Marie porte
l’enfant. Inspirée de l’art italien, la présence de la Vierge portant l’enfant
Jean est sûrement une des premières représentées en France.
-Troisième registre : à gauche, Zacharie inscrit son fils. A
droite, la Vierge rend visite à Élisabeth, sa cousine.
-Quatrième registre : saint Jean-Baptiste blâme le roi
Hérode : « Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton
frère ».
-Cinquième registre : saint Jean-Baptiste, vêtu de son manteau de
poil de chameau, prêche dans le désert. A droite, le désert est symbolisé par
deux maigres arbustes.
Lancette gauche :
-Premier registre :
à gauche, les donateurs. Au centre et à droite, le baptême de Jésus par
Jean-Baptiste.
-Deuxième registre :
Hérode organise un grand festin au cours duquel danse Salomé, fille de sa femme
Hérodiade.
Baie 227
Créée vers 1305-1315; restaurée au XX° siècle
Lancette gauche :
Saint Jacques le Mineur et Saint Matthieu
Lancette droit :
Saint Barnabé et Saint Jude