Ce blog vient enrichir le travail du comité de quartier Saint-Pierre Porte Morard, qui œuvre sur la revalorisation de l’église Saint-Pierre depuis 2010.

VITRAUX NORD DE LA NEF (217-219-221-223-225-227)



Baie 217
Créée vers 1305-1315;  restaurée au XX° siècle

         Scènes de la Passion du Christ




         Composé de deux lancettes à 5 registres, c'est, selon Mme M P Lillich, l'ouvrage le plus élaboré dans l’église par ses coloris et sa bordure décorée des châteaux de Castille.
        
         Si l'artiste s'est fortement inspiré d'un manuscrit enluminé du XII° siècle, il n'a pas été insensible aux travaux de son époque. 
         Dans la cathédrale de Chartres, une des verrières ouest du XII° siècle a également pour thème « la Passion ».


 L'ENTREE DANS JERUSALEM

Lancette gauche – registre 1

Assis sur un âne, le Christ, suivi de Pierre et de quelques apôtres auréolés, tient une palme dans sa main gauche et bénit de sa main droite.
         A droite, deux personnages accueillent Jésus aux portes de Jérusalem.
Contrairement aux apôtres, ils tiennent des palmes et un troisième personnage étend un manteau rouge sous les pieds de l'âne.


  Cet épisode ne figure pas sur le vitrail de la Passion de la Cathédrale de Chartres.


LA CENE

Lancette gauche – registre 2

C'est une description classique : Les apôtres entourent Jésus ; Jean se penche vers Jésus ;
Judas, se servant d'un poisson, est assis, seul, de l'autre côté de la table.
Jésus fait un signe de la main droite vers Pierre et tend un objet à Judas.
Est-ce une bourse ?


   
         Sur le vitrail de la cathédrale de Chartres, Jésus est entouré de quatre apôtres et dénonce Judas. Celui-ci, seul à droite, met la main sur le poisson (symbole christique). 


Baie 219
Créée vers 1305-1315; restaurée au XX° siècle

      Lancette gauche : Saint Thomas et Saint Philippe
        Lancette droit : Saint Matthieu et Saint Jacques





Baie 221
Créée vers 1280 ; après 1305 et vers 1390; restaurée au XX° siècle

         Scènes de la vie de Saint Pierre et de Saint Paul


Vitrail réalisé vers 1280, après 1305 et vers 1380 /1390. Quelques restaurations (bouche-trous) au XXème siècle.
Certains éléments ont été dispersés vers 1700 et réassemblés lors de la restauration du XXème siècle (1907-1951 et 1954 par les Ateliers Lorin – Chartres).
La dernière restauration date de 1990 (Ateliers Lorin-Hermet-Juteau / Chartres).

Peut-être le plus ancien vitrail narratif de la nef, il présente un intérêt primordial et il est d’une importance décisive pour la datation et le rapport entre la nef et l’hémicycle. Mais il est également une énigme stylistique : par son dessin maladroit à sept rangs, ilt apparaît comme le plus embrouillé de l’ensemble des panneaux narratifs. Il est probable qu’il fut augmenté, réassemblé, agrandi par son donateur : Jehan de Mantes (ou Jean 1er de Mantes) : abbé de 1306 à 1310.
On peut émettre l’hypothèse que cette baie fut donnée par Jehan de Mantes le jour de son élection à la tête de l’abbaye (fin mars 1306).


La baie (huit mètres / trois mètres quatre-vingt) est composée de deux lancettes à sept registres avec un tympan à quatre ajours. et relate des scènes de la vie de Saint Pierre et de Saint Paul : c’est un vitrail dit « narratif » ou « historié » qui se lit de bas en haut. Dans un vitrail primitif, les couleurs qui dominent sont le rouge et le bleu, accentué par un or saturé.
La lancette gauche relate des épisodes de la vie de Pierre en Palestine (Jérusalem, Antioche …).
La lancette droite est réservée aux épisodes de l’apostolat de Pierre à Rome.


UN GRAND DONATEUR : JEHAN DE MANTES


Jehan de Mantes, abbé de Saint Père de 1306 à 1310, période de grande activité dans le travail du vitrail.
Connu comme bienfaiteur de l'abbaye, il fit don, pour le beffroi, en 1308, d'un bourdon baptisé Saint-Pierre.
Vraisemblablement instigateur des séries de baies narratives dans la nef, il meurt en 1310.



Un miracle de Pierre (lancette gauche ; 3ème registre)


Devant la « Belle Porte » du Temple de Salomon à Jérusalem, Pierre, accompagné de l’apôtre Jean, s’adresse à un invalide en prières, allongé et mains jointes, qui lui demande l’aumône.
Pierre lui ordonne : «je n’ai ni argent ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ de Nazareth, marche. » (Act. Ap. 3,1-22-4,1-22)
Dans le panneau de gauche, l’infirme, guéri, repart, vers le temple, avec sa civière sur l’épaule.


« Les narrateurs »

Dans une étude réalisée en 1969, Meredith Parsons Lillich se base sur le vitrail restauré par les ateliers Lorin en 1907 et pense que les deux personnages sont des prophètes ; ils sont placés, l’un (celui au manteau vert) dans le panneau gauche du premier registre de la lancette gauche ; l’autre, celui au manteau bleu, dans le panneau droit du premier registre de la lancette droite.

La restauration de 1990 par les ateliers Lorin-Hermet-Juteau sous la conduite de Benjamin Mouton architecte en chef des monuments historiques, permit une autre étude du vitrail et une autre lecture des panneaux.
Jean-Marie Braguy émet l’hypothèse que les deux personnages sont des « narrateurs ».
Le « narrateur » au manteau bleu se trouve dans le panneau de droite du deuxième registre de la lancette gauche et annonce l’histoire de Pierre et Paul.
Le narrateur au manteau vert se trouve dans le panneau gauche du sixième registre de la lancette droite et clôt leur histoire.



 



Simon le magicien

Selon les Actes des Apôtres, Simon était un magicien, admiré par l’empereur Néron, qui aurait séduit les foules en volant dans le ciel (Acte de Pierre).



Simon le Magicien voulait acheter à Pierre son pouvoir de faire des miracles. L’apôtre le condamna (Actes des Apôtres VIII.9-21) « que ton argent périsse avec toi parce que tu as pensé acquérir le don de Dieu avec de l’argent ».

De là, provient le mot simonie : volonté d’acheter ou de vendre à prix temporel une chose spirituelle.
Néron (panneau du centre) ordonne à Pierre (panneau de gauche) de se mesurer à Simon le Magicien (panneau de droite)





Baie 223
Créée vers 1305-1315; restaurée au XX° siècle

        Lancette gauche: Saint André et Saint Jean l’Evangéliste

         Lancette droit : Saint Barthélémy et Saint Jacques le Majeur



Baie 225
Créée vers  1305-1315


         Scènes de la vie de Saint Jean-Baptiste





Pour M.P Lillich, ce vitrail est « un véritable chef-d’œuvre de narration dramatique ».

Dans cette baie, l’artiste a restreint la quantité de personnages dont le mouvement et le geste « accentués » révèlent un certain expressionisme. Par exemple, le corps « arqué » de Salomé pendant sa danse devant Hérode et Hérodiade (lancette gauche deuxième registre).


Lancette droite :

-Premier registre : à gauche, un ange annonce à Zacharie la future naissance de son fils Jean.
-Deuxième registre : naissance de saint Jean-Baptiste ; à gauche, sa mère Élisabeth est allongée. Au centre, la vierge Marie porte l’enfant. Inspirée de l’art italien, la présence de la Vierge portant l’enfant Jean est sûrement une des premières représentées en France.
-Troisième registre : à gauche, Zacharie inscrit son fils. A droite, la Vierge rend visite à Élisabeth, sa cousine.
-Quatrième registre : saint Jean-Baptiste blâme le roi Hérode : « Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère ».
-Cinquième registre : saint Jean-Baptiste, vêtu de son manteau de poil de chameau, prêche dans le désert. A droite, le désert est symbolisé par deux maigres arbustes.

Lancette gauche :

-Premier registre : à gauche, les donateurs. Au centre et à droite, le baptême de Jésus par Jean-Baptiste.

-Deuxième registre : Hérode organise un grand festin au cours duquel danse Salomé, fille de sa femme Hérodiade.

Baie 227
 Créée vers 1305-1315; restaurée au XX° siècle

        Lancette gauche : Saint Jacques le Mineur et Saint Matthieu
Lancette droit : Saint Barnabé et Saint Jude